Elle n’aime pas son nom, Marie Mallarmé. « Je ne suis pas mal armée, moi, je sais me débrouiller dans la vie… »
Issue du peuple, elle porte encore, accrochée à ses semelles, la terre du coin de province qu’elle a quitté pour trouver du travail dans le Paris d’après- guerre. Marie voit le monde depuis l’univers qui est le sien : sa chambre de bonne aux murs trempés d’eau, minces comme le papier, laissant un peu trop la vie traverser.
Hostile au progrès, antisociale, intolérante et terriblement émouvante, elle écoute aux portes, voit et juge toute chose avec une intensité primitive : les ébats sonores des voisins, les patrons et leurs maîtresses ou ces boniches polonaises qui prennent le pain de la bouche des Français et jouent les poules des Américains.
Ses mots sont aussi âpres et durs que son existence sevrée d’amour, embrumée de solitude, sur laquelle elle n’a pas le temps de s’apitoyer, trop occupée par les tâches et les tracas qui lui ont bousillé les mains, le ventre, les yeux et le coeur.
Adaptés sous forme de fondus enchaînés, ces fragments de vie récoltés par Brassaï auprès de sa propre femme de ménage se dessinent dans un décor sobre et poétique habillé de phrases et de photos des années 40.
Seule sur scène, tour à tour drôle, irritante, généreuse, aigrie, lumineuse, cabossée, naïve et touchante, Marie l’illettrée, Marie la physique déverse avec violence son flot de paroles.
Et crève de ses mots le ciel opaque de ces petites gens qui portent parfois le nom d’un grand poète…
Mise en scène, Scénographie
Thierry Simon
Création Lumière
Christophe Mahon
Avec
Sylvie Bazin
Co-production le Point d’eau Ostwald
Ce spectacle a été subventionné par la Ville de Strasbourg et soutenu par l’Agence Culturelle d’Alsace.
